David Lisnard : « Que l’on cesse ce parisianisme qui bloque tous les projets culturels hors de la capitale »

David Lisnard : « Que l’on cesse ce parisianisme qui bloque tous les projets culturels hors de la capitale »


Play all audios:


DAVID LISNARD : « QUE L’ON CESSE CE PARISIANISME QUI BLOQUE TOUS LES PROJETS CULTURELS HORS DE LA CAPITALE »


Intérieur jour : Cannes, Hôtel de ville, le 19 mai 2025, 16 heures. Flanqué de Thierry Frémaux, délégué général du Festival International du film, le maire LR David Lisnard dirige un nouveau


point presse sur l'un des grands chantiers de sa mandature : le futur Musée international du Festival de Cannes et du cinéma. Un projet pharaonique dont l'édile et ses équipes


caressent l'ambition d'une inauguration d'ici à « la fin de la décennie, en 2029 ou 2030 », précisent de concert David Lisnard et Thierry Frémaux. Divers terrains sont encore


à l'étude pour l'implantation du complexe à venir.


Recevez l’actualité culturelle de la semaine à ne pas manquer ainsi que les Enquêtes, décryptages, portraits, tendances…


Merci ! Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :


Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte


En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.


Ce lundi, face aux journalistes, le tandem a présenté plus en détail le « premier module » (au total, huit seront érigés) : la partie du musée qui sera entièrement consacrée à


l'histoire du Festival de Cannes. « Nous serons le premier festival au monde à faire l'objet d'un musée », assure Thierry Frémaux. À lui seul, le chantier de ce premier


bâtiment au budget prévisionnel de 80 millions d'euros (montant cité par David Lisnard, parlant sous le contrôle du directeur général des services techniques de la mairie, Thomas Onzon)


devrait faire émerger un espace de 1 000 m2 – soit un cinquième de la surface totale du musée du cinéma – exclusivement dédié à la mythique manifestation.


La somme sera financée sur fonds propres municipaux à hauteur de 40 millions d'euros, le reste par du mécénat privé. « Plusieurs contacts extérieurs proactifs montrent leur intérêt pour


le financement de ce musée du Festival de cannes », assure David Lisnard. Un monumental gisement d'archives écrites, audiovisuelles et photographiques internes au festival


(correspondances, images de montées des marches, conférences de presse, remises de palmes d'or…), nourrira le parcours du visiteur à travers dix espaces. Parmi eux : une foulée de tapis


rouge immersive virtuelle, une plongée dans la fabrication des sélections passées, l'exposé des couvertures médiatiques ou encore les facettes plus glamours du festival à travers ses


légendaires soirées.


Entre nouvelles technologies, écrans divers et archives classiques, le musée du Festival de Cannes et du cinéma entend rivaliser, ni plus ni moins, avec celui de l'Académie des Oscars à


Los Angeles, tout en célébrant toutes les facettes du rendez-vous azuréen légendaire : des plus glamours aux plus cinéphiliques. En aparté de la conférence de presse, qui posait ainsi un


nouveau jalon d'étape depuis la toute première présentation du projet à la presse en 2021, David Lisnard revient rapidement pour _Le Point_ sur ses intentions… non sans manifester une


certaine exaspération par rapport au « parisianisme » jugé proverbial du ministère de la Culture, dont l'actuelle occupante Rachida Dati n'a pas jugé bon de rencontrer


l'équipe municipale durant son bref séjour sur la Croisette.


LE POINT : VOUS AVEZ SOUVENT MARTELÉ DURANT CETTE CONFÉRENCE DE PRESSE À QUEL POINT « IL N'EST QUE TEMPS » DE LANCER CE MUSÉE INTERNATIONAL DU FESTIVAL DE CANNES ET DU CINÉMA. UNE PIQUE


ADRESSÉE AUX POUVOIRS PUBLICS ?


DAVID LISNARD : Cette histoire de musée du cinéma à Cannes, j'en entends parler pratiquement depuis que je suis gamin. Bernard Brochand [ancien maire de Cannes entre 2001 et 2014,


NDLR], qui était un bâtisseur, l'avait aussi appelé de ses vœux, mais on était toujours en attente de la bénédiction de l'État depuis Paris. Aujourd'hui, toutes les études de


faisabilité ont été réalisées, on a travaillé avec la Cinémathèque et le Festival de Cannes. Le CNC nous a aussi aidés sur des études préliminaires. Nous ne voulons plus être dans


l'incantation, mais dans l'action, et on va le faire.


Nous voulons offrir ce musée à la France et à l'Europe, et quand j'entends que le ministère de la Culture cherche aussi un terrain à Paris pour un énième musée, alors qu'il y


a déjà une surdensité dans la capitale, je suis atterré. Il y a une véritable iniquité des dépenses de ce ministère qui tournent au saupoudrage en ce qui concerne la province. J'ai


rappelé ces chiffres pendant la conférence : le ministère de la Culture dépense en moyenne 801 euros par habitant parisien contre 24 euros par habitant de la province… Je voudrais que


l'on cesse ce parisianisme qui bloque tous les projets hors de la capitale.


Ils sont tout simplement culturels, économiques, touristiques, c'est un enjeu de rayonnement pour Cannes, pour la France et pour l'Europe. Nous avons les plus belles et les plus


grandes archives qu'un festival puisse avoir. Leur contenu est à la fois grand public, glamour, culturel, intellectuel, artistique… l'objectif du projet, comme l'a très bien


exprimé Thierry Frémaux tout à l'heure, c'est d'offrir ce contenu à la fois aux chercheurs et au grand public, aux familles et aux étudiants, dans une ville qui construit sa


filière cinéma connectée en permanence. Créer à Cannes une empreinte artistique, culturelle, festive dédiée au cinéma tout au long de l'année, et pas simplement pendant les onze jours


du Festival.


> Le ministère de la Culture dépense en moyenne 801 euros par > habitant parisien contre 24 euros par habitant de la province…


AVEZ-VOUS EU L'OCCASION DE VOUS ENTRETENIR AVEC RACHIDA DATI ?


Non, puisqu'en tant qu'élu local depuis 2001, ayant vu défiler une bonne vingtaine de ministres de la Culture, je crois que c'est bien la première fois qu'on n'a pas


eu de réunion culturelle à l'occasion du déplacement de la ministre pendant le Festival cette année. Je laisse chacun apprécier. En attendant, on aimerait vraiment que le ministère


s'engage dans notre projet, tout comme toute la profession.


À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre QU'AVEZ-VOUS PENSÉ DE LA CÉRÉMONIE D'OUVERTURE DE 78E FESTIVAL ?


Je pense que certains artistes gagneraient à être moins bavards, à parler un peu moins de politique et un peu plus de cinéma, ou en tout cas que le festival pourrait davantage nous épargner


les analyses géopolitiques de gens dont l'avis n'est pas plus légitime que celui de n'importe qui !