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« ILS SONT PERDUS » : LES RUSSES SE REMETTENT DIFFICILEMENT DE L’ATTAQUE SURPRISE UKRAINIENNE

L'attaque « Toile d'araignée » a beau ne pas avoir mis la Russie à genoux, elle pourrait bien avoir laissé des traces. Cette série d'attaques de drones contre l'aviation

militaire russe devrait notamment affecter sérieusement les opérations quotidiennes en Ukraine, selon le _Financial Times_. Michael Kofman, analyste militaire au Carnegie Endowment for

International Peace, a ainsi déclaré à nos confrères que les frappes ukrainiennes ont « sans aucun doute dégradé le potentiel de frappe à distance de la Russie », et ont détruit des avions

que la Russie aurait du mal à remplacer.

Les engins touchés étaient notamment capables de déployer des armes conventionnelles, mais aussi nucléaires. « Même si cela ne suffira peut-être pas à mettre un terme aux frappes sur

l'Ukraine, compte tenu de la taille de la flotte de bombardiers russes, cela a montré que la poursuite de la guerre a un coût réel pour le statut de la Russie en tant que puissance

militaire », a-t-il ajouté.

À LIRE AUSSI LES QUESTIONS EN SUSPENS APRÈS L'INCROYABLE OPÉRATION « TOILE D'ARAIGNÉE » CONTRE LA RUSSIESi les estimations divergent quant au nombre précis d'avions touchés

(la Russie, évidemment, niant le chiffre de quarante engins touchés par l'Ukraine), plusieurs analystes estiment que 20 % de l'aviation russe à long rayon d'action

opérationnelle, conçu pour des distances importantes et pour transporter de lourdes charges dans les pays ciblés, ont été endommagés ou détruits. Quoi qu'il en soit, cette situation va

probablement forcer le Kremlin à modifier sa stratégie. Prendra-t-elle encore le risque de regrouper ses avions pour des frappes massives, comme elle a pu le faire récemment ?

À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre « Si la Russie doit les disperser davantage pour se protéger, cela diminuera directement leur capacité à lancer des frappes de masse et à submerger

la défense aérienne ukrainienne », a souligné William Alberque, ancien responsable du contrôle des armements de l'Otan. L'opération, de surcroît, « a touché des bombardiers

stratégiques que la Russie n'est pas en mesure de produire actuellement », a déclaré Oleksiy Melnyk, analyste militaire ukrainien au Centre Razumkov et ancien officier de l'armée

de l'air. « Ils sont perdus. »

À LIRE AUSSI LA GUERRE EN UKRAINE, LE PARI PERDU DE DONALD TRUMPAu-delà de l'impact concret, c'est sur les esprits que les dégâts risquent aussi d'être importants. Cette

attaque a montré que même les zones éloignées de la frontière ukrainienne n'étaient plus considérées comme sûres. « Les Russes ont le sentiment que la taille même du pays offre une

profondeur stratégique – une sorte de sanctuaire », a déclaré William Alberque. « Ce que les Ukrainiens ont fait, c'est frapper au cœur de cette hypothèse. » Une déstabilisation

également symbolique loin d'être anodine, alors que s'ouvre un nouveau cycle de négociations avec Kiev, pour une guerre qui n'a que trop duré.