Bruno Retailleau, le triomphe du modèle vendéen dans toute sa splendeur

Bruno Retailleau, le triomphe du modèle vendéen dans toute sa splendeur


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Dans _Quatrevingt-treize_, Victor Hugo écrit : « La guérilla ne conclut pas, ou conclut mal ; on commence par attaquer une république et on finit par détrousser une diligence. » Ni Bruno


Retailleau ni la Vendée, dont il est originaire, n'ont oublié ce conseil. Si le ministre de l'Intérieur a triomphé aux élections des Républicains, il le doit à son esprit


d'indépendance, affiché jusque dans ses manières et sa manière d'être, parfois à ses dépens. Seul et heureux, à l'image de sa région, cette Vendée qui n'a jamais voulu


dépendre de la France et qui lui a pourtant beaucoup donné.


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Il ne manque à la Vendée qu'un président. Pourtant, ce n'est pas passé loin. Ce rôle était dévolu à Clemenceau. Après avoir remporté la Première Guerre mondiale, la présidence de


la République lui était promise ; c'était oublier une jurisprudence sévère, mais constante. Qui remporte la guerre est chassé du pouvoir. Ni Churchill ni de Gaulle n'y ont échappé.


Clemenceau les a précédés. Sa bougonnerie et ses colères auront fini par lui coûter l'élection de 1920 au profit de Paul Deschanel. Après tout, la présidence du Conseil, sous la IIIe 


République et en pleine guerre mondiale, n'était pas si mal. Mais il manquait quelque chose à l'accomplissement du Tigre.


La Vendée s'est rendue célèbre en République par la guerre civile qui l'opposa aux armées de la Convention sous la Révolution française. Un conflit qui, d'ailleurs, ne se


terminera réellement que sous le Premier Empire. Ces guerres ont donné le sujet de _Quatrevingt-treize_ à Victor Hugo. Le plus républicain des écrivains ne s'y est pas trompé ; le livre


n'est pas caricatural, il rend à la Vendée et à ses combattants les hommages qu'ils méritent. Leurs enfants ont été massacrés par des soldats républicains qui avaient reçu


l'ordre d'aller au bout de la brutalité.


Ce traumatisme aurait pu se terminer par un divorce entre la région et sa capitale. Ça n'a pas été le cas. La Vendée ne s'est pas montrée rancunière en donnant beaucoup à la


France. Sa part due à la nation dans un moment crucial, une guerre mondiale qui fut aussi la sienne puisqu'en plus de déléguer Clemenceau à la tête du pays elle perdit beaucoup de ses


garçons sur le champ de bataille.


Plus tard, Jean de Lattre de Tassigny, vendéen lui aussi, lieutenant de Charles de Gaulle, qui commanda les forces françaises débarquées en Provence en août 1944, s'illustre à son tour


pour la plus grande gloire de la France libre. La Vendée est ainsi : elle grandit dans son coin en cultivant son indépendance vis-à-vis de Paris sans jamais la renier et en répondant présent


quand le besoin s'en fait sentir.


Bruno Retailleau, et c'est amusant de le constater, évolue de façon comparable. Chef de son groupe politique au Sénat – l'Assemblée des territoires, certes prestigieuse, mais moins


saillante que l'Assemblée nationale –, il a franchi les étapes en étant « un » et discret. Il ne manquait pas d'entourage, mais, il y a plus d'un an, qui aurait été capable


de citer les femmes et les hommes politiques de premier plan auxquels il était apparenté ? Son émergence au premier plan s'est faite dans le silence, avec méthode et sagacité.


Seul, encore, au gouvernement, ou presque. Ministre Les Républicains rescapé de la censure qui a touché Michel Barnier, il a survécu. Survécu encore à des attaques grotesques du Rassemblent


national relatives à son absence de résultats. Comme s'il était possible de changer la France en moins d'un an sans majorité ni présidence acquises ? Survécu, enfin, à ce reproche


inepte d'avoir accepté de gouverner. C'est-à-dire d'avoir accepté de faire le travail pour lequel, ultimement, les parlementaires sont élus.


À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre Quand tant d'hommes politiques, et de partis, refusaient de rejoindre le gouvernement par crainte de voir leur réputation entachée pour la


campagne présidentielle de 2027, Bruno Retailleau a fait le choix le plus difficile et a pris la voie la plus ténue, celle des responsabilités. Au regard du temps long, le courage est une


vertu lucrative. Le tout sans renier ce qu'il est, et d'ailleurs sans probablement pouvoir même le dissimuler, à savoir l'homme d'une région à laquelle il ressemble comme


un frère.


Fleury Michon, Sodebo, Pasquier, Beneteau sont les fleurons vendéens d'une économie brillante. Que dire du Puy du Fou, ce succès phénoménal et amplement mérité. Premier parc à thème


français (et européen) avec près de 3 millions de visiteurs par an, où les spectacles rivalisent de créativité, d'intelligence, d'enthousiasme, de joie, et qui ne ressemble en rien


à la caricature dessinée par ceux qui le jalousent. Ces gens incapables d'être autre chose que les commentateurs pleins d'aigreur des succès qui ne leur ressemblent pas. Bruno


Retailleau n'est pas si loin. Puisque la Vendée, c'est la France, une de ces « petites patries », comme l'écrivait Paul Verlaine, toujours prêtes à rallier la grande, qui en


font le prestige, la densité, la couleur.