À Mâcon, le maire mis sous pression par les trafiquants de drogue du quartier des Saugeraies

À Mâcon, le maire mis sous pression par les trafiquants de drogue du quartier des Saugeraies


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À MÂCON, LE MAIRE MIS SOUS PRESSION PAR LES TRAFIQUANTS DE DROGUE


« C'est l'épreuve de force, il ne faut surtout pas qu'on cède maintenant. » Après une longue nuit à faire face aux violences urbaines, Jean-Patrick Courtois, maire de Mâcon


(Saône-et-Loire), ne mâchait pas ses mots lundi 20 janvier, lors d'un point presse sur place. Bilan du week-end : trois bâtiments publics dégradés, sept véhicules de particuliers


incendiés, trois voitures de police endommagées dans le quartier des Saugeraies.


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Sa lecture des faits en rappelle tant d'autres, dans de petites localités de France, où les trafiquants se permettent de mettre la pression sur les pouvoirs publics pour installer


toujours plus leurs deals. Pour l'édile, l'offensive est cousue de fil blanc : « Ces derniers mois, les forces de l'ordre ont fait monter la pression dans le secteur. La


commune a installé des caméras de vidéosurveillance. »


À LIRE AUSSI « ON VA VOUS CRAMER, TOI ET TA MAIRIE » : LES ÉLUS RURAUX FACE À LA « NARCORACAILLE » En novembre dernier, 25 policiers avaient mené une opération pour « harceler les


trafiquants » dans ce quartier sensible et celui des Gautriats, qui le jouxte. Dans ce dernier, un point de deal avait été démantelé en avril. Et en août 2023, les dealeurs avaient été


jusqu'à taguer leurs tarifs et leurs heures d'ouverture sur un mur à proximité d'une école.


Comme à Alençon-Perseigne ou Vannes-Menimur, tout se joue dans un périmètre de quelques centaines de mètres seulement, quartiers de tours des années 1960, à l'écart du centre. La ville


est petite. À Mâcon – 35 000 habitants –, difficile de trouver d'autres sites où trafiquer. « Les jeunes qui demandent une salle pour se réunir, nous ne sommes pas dupes », affirme le


maire, contacté par _Le Point_. « Il en existait une, ils l'ont incendiée. Ils se sont tournés vers Mâcon Habitat avec la même demande. Il n'y a aucun doute sur le fait que ce


local servirait à dealer. »


À LIRE AUSSI NIORT, SA COCAÏNE, SES MULES ET SES « BALTRINGUES » Pour le maire, pas question de céder, malgré les avertissements : « Ils l'ont écrit, “tant qu'on n'aura pas


satisfaction, on mettra le quartier à feu et à sang”. Ils veulent des locaux pour être tranquilles. » Pour l'élu, pas question de « leur donner des locaux pour faire du trafic de drogue


et blanchir de l'argent ». Un diagnostic visiblement partagé par le préfet, Yves Seguy, qui s'exprimait à ses côtés dimanche : « Ils essaient d'intimider. On ne reculera pas.


 »


À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre Dans la bataille, ce sont les habitants du quartier des Saugeraies qui trinquent, et notamment les plus jeunes. Un des bâtiments touchés par les


dégradations abritait l'espace Galilée, qui servait à l'accueil des jeunes de 4 à 14 ans. Mais le maire ne s'avoue pas vaincu. Pour lui, « le quartier n'est pas perdu, le


deal est encore contrôlable, j'ai bon espoir que la situation se calme en quelques mois. Nous sommes face à quelques individus, identifiés, qui contrôlent le trafic, pas plus. Il faut


les faire tomber. Les autres sont des petites mains. » Question à ce jour sans réponse, des trafiquants extérieurs, peut-être des Marseillais, seraient-ils en lien avec les Mâconnais ? La


presse locale avait évoqué cette éventualité, que les enquêteurs ne commentent pas.


Le parquet a ouvert une enquête pour « dégradations et destructions de biens par incendie en bande organisée, association de malfaiteurs en vue de la commission d'un crime, violences


sur personnes dépositaires de l'autorité publique avec arme et participation à un attroupement armé ».