
Fichage des étrangers dans le 93 : un nouveau saut dans la xénophobie d'état
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Le 9 avril dernier, le journal les Jours révélait que la Préfecture de Seine-Saint-Denis avait émis une note de service ordonnant aux commissariats du département de recueillir et
transmettre certaines informations bien précises relatives à l’ensemble des personnes étrangères interpellées. Que ces personnes soient ou non en situation régulière. La note enjoint ainsi
aux services de police de transmettre aux services de la préfecture empreintes digitales, copie de la carte de séjour et des documents d’identité, mais également date et lieu de la
commission de l’infraction supposée, suites judiciaires, antécédents judiciaires. Elle va jusqu’à demander « _toute information utile pour caractériser la menace pour l’ordre public que
constitue la présence de l’intéressé en France_ ». Une véritable offensive contre les personnes étrangères qui figure comme la conséquence vivante de la politique xénophobe et réactionnaire
menée tambour battant par l’exécutif. Car ce fichage en règle de l’ensemble des personnes étrangères interpellées par les services de police découle directement de la politique impulsée par
Retailleau. En effet, le 8 octobre dernier, le ministre avait réuni les 21 préfets des départements qui concentrent le plus de mesures d’éloignement des étrangers. Réunion lors de laquelle
le ministre de l’Intérieur a détaillé les mesures qu’il comptait faire appliquer pour mener son offensive xénophobe, annonçant par les mêmes deux circulaires. La première de ces «
circulaires Retailleau » assigne juste des objectifs aux préfets pour s’assurer de « _la hausse des expulsions et de la baisse des régularisations_ ». Or, il n’est pas anodin que le préfet
de Seine-Saint-Denis constitue, quelques mois après la publication de cette circulaire, un tel fichier concernant l’ensemble des personnes étrangères. La préfecture du 93 n’est d’ailleurs
pas la seule à mener une telle politique de fichage. Le tribunal administratif de Nantes a, en effet, récemment suspendu un fichier similaire que la juridiction administrative a qualifiée de
« traitement de données personnelles » non autorisé. Car, il est important de rappeler que les préfets peuvent à leur seule discrétion retirer ou limiter un titre de séjour pour un «
_étranger en situation régulière qui se serait rendu responsable de troubles graves à l’ordre public_ ». L’objectif derrière ce fichage est donc clair. Atteindre les objectifs fixés par
Retailleau et l’exécutif afin d’expulser et de traquer l’ensemble des personnes étrangères, qu’elles soient ou non en situation régulière. Une politique qui illustre la force des outils mis
aux mains de l’exécutif par la Ve République. En effet, si Retailleau n’a pas pu mener jusqu’au bout ses projets racistes et xénophobes faute de majorité à l’Assemblée nationale, la
constitution lui permet donc de contourner le Parlement en publiant des circulaires qui orientent les services sous ses ordres vers une application dure de la loi immigration. Or, la
législation donne une latitude presque totale aux préfectures en matière migratoire, leur permettant de régulariser ou non, de donner ou de retirer des titres de séjour de manière quasi
discrétionnaire. Face à un gouvernement qui veut renforcer sa guerre contre les immigrés et les classes populaires en général, il faut porter des mots d’ordre radicaux qui refusent l’agenda
raciste du gouvernement qui ne fait que stigmatiser et précariser une partie de notre classe. C’est tout notre camp social qui doit défendre l’ouverture des frontières et la liberté de
circulation et d’installation pour toutes et tous.