
Mégenrage dans les écoles, restriction d'accès aux soins : 100 jours d'attaques transphobes de trump
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Après avoir largement axé sa campagne sur la transphobie, dépensant des millions dans des publicités anti-trans, Trump a mis à exécution ses promesses d’arrêter le « délire transgenre » et
le « wokisme » en s’attaquant dès les premiers jours de son mandat aux droits les plus élémentaires des personnes LGBT. DÉNI D’EXISTENCE Le premier discours du milliardaire nouvellement
réélu, après son investiture, annonçait la couleur : « _Il n’y a que deux sexes, masculin et féminin_ » et le gouvernement ne reconnaîtra désormais que le « _sexe biologique_ ». Le décret
qu’il signe dans la foulée fait disparaître la mention de genre « X » sur les documents officiels et menace les personnes trans de voir leurs papiers d’identité modifiés pour faire
apparaître la mention de sexe assigné à la naissance. C’est ce qui est arrivé à l’actrice Hunter Schafer, qui a témoigné dans une vidéo sur TikTok largement partagée du fait que son nouveau
passeport comportait la mention « homme ». Du même coup, Trump a aboli tous les programmes fédéraux de diversité et fait supprimer les informations relatives à « l’idéologie du genre » des
sites internet du gouvernement fédéral. Une liste aussi longue qu’absurde établit les termes interdits au sein de la nouvelle administration : « LGBT », « trans », « femme », « Noir », «
genre », « « égalité », mais aussi « race ». Les employés fédéraux sont tenus d’appliquer les directives de manière loyale, sous peine de renvoi. Ainsi, les effets ne se sont pas fait
attendre : des milliers de pages ont disparu des sites gouvernementaux, dont celles relatives à l’information sur le VIH, aux comportements à risque et au suicide chez les jeunes LGBT sur le
site du Centre pour le contrôle des maladies (CDC). Certaines ont été remises en ligne et modifiées, assorties d’un bandeau précisant que toute information faisant la promotion de «
l’idéologie du genre » est inexacte et déconnectée de la « réalité biologique ». Les pages du site du ministère de la Justice concernant les crimes LGBTphobes ont été supprimées, tandis que
le site du Monument national de Stonewall a été transformé de manière particulièrement ubuesque. Toute mention du terme « trans » ayant été retirée automatiquement, on peut y lire qu’il
s’agit d’un haut lieu de l’histoire « LGB » et qu’une des protagonistes principales des émeutes de 1969, Sylvia Rivera s’est battue pour « for gay and rights » (« pour les droits des gays et
des »), la phrase ayant été amputée du mot « trans ». Les directives de Trump contre « l’idéologie du genre » ont conduit à la suppression de 270 bourses de recherche concernant la santé
des personnes LGBT, soit 125 Millions de dollars, comme le rapport un article de NBC. Cette volonté de nier l’existence des personnes trans s’accompagne de mesures symboliques LGBTphobes :
l’Utah a interdit les drapeaux LGBT dans les bâtiments publics et les écoles le mois dernier, donnant lieu à un rassemblement le jour de la visibilité trans où les manifestant-es ont brandi
un immense drapeau trans devant le parlement à Salt Lake City. L’Iowa est devenu fin février le premier état à supprimer toute reconnaissance des personnes trans, ainsi que la suppression de
l’interdiction de la transphobie qui figurait dans ses lois anti-discriminations. DES ATTAQUES GRAVES SUR LE DROIT À DISPOSER DE SON CORPS Plus grave encore, Trump a restreint par décret
l’accès aux soins d’affirmation de genre pour les moins de 19 ans. Plusieurs hôpitaux ont immédiatement cessé de prodiguer ces soins, notamment les bloqueurs de puberté, les hormones et les
chirurgies. Le décret, momentanément bloqué par la justice, prévoit de poursuivre les médecins ayant pratiqué ces actes. Malgré la suspension temporaire, il a commencé à entrer en
application dans certains hôpitaux, tandis qu’une note de l’administration fédérale menace les institutions médicales de revoir leurs financements à la baisse, si des soins d’affirmation de
genre sont proposés. Un groupe de familles d’adolescent-es trans a entamé une procédure judiciaire début mars pour contester le contournement de la décision de justice et le décret. Un autre
décret adopté fin janvier, visant à « mettre fin à l’endoctrinement radical » dans les écoles, demande au ministère de l’éducation d’élaborer une politique empêchant les professeurs de
soutenir des élèves en transition et d’aborder les thématiques liées à la fluidité du genre et à la race. L’ordonnance interdit aux établissements scolaires d’obliger les enseignant-es à
respecter les noms et pronoms des élèves trans, les autorisant à utiliser le deadname des jeunes concernés. Le décret signé fin mars qui abolit le département de l’Education va dans ce sens
et stipule que les programmes et activités qui continueront à percevoir des financements publics ont interdiction de promouvoir la « diversité », « l’équité » ou encore « l’idéologie du
genre ». Par ailleurs, en accord avec les directives de l’administration fédérale, au moins une détenue trans a été transférée dans une prison pour hommes, tandis que l’accès aux hormones ne
leur serait plus possible si le décret entre pleinement en application. En janvier, un juge fédéral a empêché le transfert de trois femmes trans vers une prison pour hommes, bloquant
temporairement la mise en œuvre de la mesure. Alors que les femmes trans représentent une infime minorité des personnes incarcérées aux Etats-Unis, Trump s’acharne et continue à faire des
personnes trans les boucs émissaires de sa politique. EXCLU-ES DE L’ARMÉE ET DES COMPÉTITIONS SPORTIVES Mi-mars, le président ultra-conservateur a posté sur son réseau social Truth un
triangle rose barré, symbole nazi pour désigner les plus de 10 000 personnes déportées pour homosexualité dans les camps. Il se réjouissait du fait que les publicités pour l’armée ne
contiennent plus de personnes LGBT, après avoir signé un décret fin janvier amorçant une chasse aux quelques 15 000 militaires trans sur environ 2 millions de soldat-es. L’armée avait
jusqu’à la fin du mois de mars pour identifier les personnes trans dans ses rangs – sur la base de l’auto-déclaration mais aussi de la délation – qui seront licenciées d’ici la fin du mois
d’avril. Désormais, les personnes trans ne pourront plus s’enrôler dans l’armée, et celles qui étaient déjà en service devront détransitionner si elles souhaitent rester. Le décret précise
qu’adopter « _une identité de genre qui ne correspond pas au sexe d’un individu entre en conflit avec l’engagement fait par un soldat de mener une vie honorable, honnête, disciplinée._ » Un
autre décret signé le 5 février empêche les athlètes trans de pratiquer des sports féminins. Les écoles permettant à ces dernières de concourir dans des compétitions féminines verront leurs
subventions fédérales coupées, tandis que les athlètes étrangères qui prévoyaient de participer aux JO de Los Angeles n’obtiendront pas de visa. Le texte demande la révision des règles
olympiques, et Trump a affirmé qu’il « _ne restera pas les bras croisés à regarder des hommes battre des athlètes féminines_ », après avoir alimenté la polémique transphobe et raciste l’été
dernier contre la boxeuse algérienne Imane Khelif. Le parti républicain avait proposé un projet de loi le mois dernier, adopté à la Chambre des représentants mais rejeté par le Sénat depuis,
qui prévoyait de restreindre la participation des femmes trans aux compétitions universitaires, une interdiction déjà mise en œuvre dans les collèges et lycées de la moitié des états
américains. Alors que les personnes trans représentent 0,5% de la population états-unienne, l’attaque de Trump sur leurs droits est d’une ampleur énorme. Face à cette offensive, il est
urgent que la communauté LGBT s’organise et s’allie aux secteurs mobilisés du mouvement ouvrier et étudiant : le parti démocrate n’est pas un allié, et c’est en s’organisant par le bas que
nous pourrons construire la riposte. Contre l’internationale réactionnaire et les attaques transphobes, homophobes et sexistes de gouvernements qui cherchent à nous diviser pour mieux
exploiter et réprimer toutes celles et ceux de notre camp social, il s’agit de construire une force de résistance trans, mais aussi antiraciste, démocratique et ouvrière !