
Sciences po strasbourg : les étudiants réprimés pour leur soutien à la palestine, solidarité!
- Select a language for the TTS:
- French Female
- French Male
- French Canadian Female
- French Canadian Male
- Language selected: (auto detect) - FR
Play all audios:

Les étudiants de Sciences Po Strasbourg ont à nouveau bloqué leur établissement à partir du 9 avril pour dénoncer la décision du Conseil d’Administration (CA) de maintenir le partenariat
avec l’université Reichman de Tel Aviv. Celui-ci avait d’abord été suspendu suite à un vote du CA en juin dernier, en raison du soutien aveugle de cet établissement au projet génocidaire
d’Israël. Mais quand l’information a été diffusée fin octobre, le directeur de Sciences Po, Jean-Philippe Heurtin, avait dénoncé « une erreur, une honte » dans la presse, suivi par le
Ministre de l’Enseignement Supérieur, Patrick Hetzel, ou celui des Affaires Étrangères, Jean-Noël Barrot. Après un nouveau vote du CA imposé en décembre qui rétablit le partenariat, des
centaines d’étudiants se sont mobilisés et ont bloqué leur établissement à trois reprises en janvier et février. Face à cela, la direction a déclaré une fermeture administrative pour freiner
la mobilisation, entraînant en tout cinq semaines de fermeture. Le président de l’université a aussi envoyé la police réprimer les étudiants, faisant un blessé ayant dû être pris en charge
à l’hôpital. Un accord avait finalement été accepté par les deux parties en élisant un comité d’examen de cinq étudiants et cinq professeurs chargés d’examiner le dossier pour émettre un
avis, avant un nouveau vote du conseil. Cet avis était unanimement en faveur de l’arrêt du partenariat, consigné dans un rapport d’une trentaine de pages. Mais le conseil d’administration a
tout de même voté pour son maintien le 8 avril. Pire, ce sont des voix de personnalités extérieures, ne s’étant même pas donné la peine d’écouter l’argumentaire et en votant par procuration,
qui ont fait pencher le vote. Cette décision n’est cependant pas surprenante alors que la direction exprimait « d’importantes réserves sur ce protocole, mais entend, sans en approuver la
forme, ni les modalités d’organisation, laisser le processus aller jusqu’à son terme afin de permettre à l’institution de retrouver au plus vite un fonctionnement normal ». Le Ministre de
l’Enseignement Supérieur Philippe Baptiste a été encore beaucoup plus explicite que son prédécesseur en déclarant la veille du vote qu’un « établissement ne peut pas décider d’arrêter un
partenariat pour des raisons politiques. Si, à Strasbourg ou ailleurs, un conseil d’administration mettait fin à un partenariat académique pour des raisons militantes, nous saisirions
immédiatement le tribunal administratif ». Évidemment, de nombreux partenariats sont arrêtés pour des raisons politiques, mais cela ne devient une affaire d’État que quand il est question du
soutien à la Palestine. Face à cet énième constat d’un pouvoir arbitraire intangible aux revendications démocratiques, les étudiants ont à nouveau bloqué l’établissement dès le lendemain,
le 9 avril. Mais durant les trois jours de blocages, la répression policière s’est rapidement accélérée. Huit camions de CRS sont intervenus le 10 avril pour les déloger et contrôler leur
identité. Le lendemain, ils ont exigé en plus leurs adresses et numéros de téléphone, et les ont fouillés. Les étudiants dénoncent une « palpation intrusive ciblée, longue et intense » dans
l’objectif « d’intimider, de faire peur, voire de traumatiser ». Des propos racistes et homophobes ont aussi été relevés. La nouvelle présidente de l’Université de Strasbourg Frédérique
Berrod - dont Sciences Po Strasbourg est une composante-, montre ainsi sans surprises qu’elle n’entend rien changer aux méthodes de son prédécesseur et se prétend « gardienne de cette
délibération démocratique ». Mais les étudiants ne se sont pas seulement heurtés à la répression policière. Le premier jour du blocage, un élu étudiant de l’UNI au CA de l’Université s’y est
également rendu. Après avoir pris des photos des étudiants, qui lui demandaient d’arrêter, ce dernier a agressé deux personnes avec une gazeuse, dont une élue étudiante au CA. Une attaque
scandaleuse quelques semaines après la révélation des saluts nazis et de jeux de cartes antisémites et sexistes au sein de la section strasbourgeoise du syndicat. Une attaque qui rappelle
combien l’UNI et les groupes d’extrême droite sont alliés au gouvernement et à sa politique de criminalisation de tout soutien à la Palestine. Le scandale du partenariat de Science Po
Strasbourg avec l’université Reichman de Tel Aviv témoigne en outre du caractère profondément anti-démocratique des universités, dans lequel les Présidences ont un pouvoir discrétionnaire,
et où des personnalités extérieures issues du patronat ou de la classe politique, et des représentants du gouvernement, cherchent à imposer des décisions aux étudiants et personnels. Cela
témoigne en outre de la peur des classes dirigeantes envers une jeunesse anti-impérialiste qui entend décider par elle-même, apporter son soutien au peuple palestinien et dénoncer la
complicité de l’impérialisme français dans le génocide à Gaza.