[emploi] c’est parti pour les restructurations et les plans sociaux dans l'industrie

[emploi] c’est parti pour les restructurations et les plans sociaux dans l'industrie


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Des sites emblématiques, vitaux pour leur bassin d’emploi, cessent leur activité, comme celui du fabricant de pneus Bridgestone dans le Nord et la papeterie Chapelle Darblay près de Rouen


(Seine-Maritime). _(Carte réalisée par L'Usine Nouvelle)_ Rien qu’en Haute-Garonne, particulièrement touchée par la crise de l’aéronautique, l’administration du Travail a compté une


vingtaine de PSE, selon _La Dépêche du Midi_. Le grand retour des PSE _"C’est le grand retour des PSE, à un niveau que nous n’avions pas connu depuis la crise de 2008",_ témoigne


Hubert Mongon, le délégué général de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM). Selon les statistiques du ministère du Travail, après un printemps et un été relativement


calmes sur le front des plans sociaux, leur nombre augmente fortement, autour d’une trentaine par semaine en septembre. Depuis le début du mois de mars, 454 PSE ont été déposés, représentant


65 000 ruptures de contrat de travail, trois fois plus que durant la même période en 2019. Et 3 500 entreprises ont procédé à des licenciements économiques hors PSE. Car la véritable


hémorragie est invisible. Elle touche beaucoup de petites entreprises, qui licencient deux ou trois collaborateurs, mais aussi des ETI, qui se séparent de plusieurs dizaines de salariés.


_"Ces petits ruisseaux finissent par faire de grosses rivières",_ regrette Hubert Mongon, qui constate ce phénomène dans la métallurgie. Et la majorité des destructions d’emplois


ne passe pas par des licenciements économiques. Renault, qui prévoit 4 600 suppressions de postes, essaie d’éviter les départs contraints, tout comme Thales, qui en anticipe 1 000.


Prévisions de hausse du chômage Logiquement, la situation de l’emploi va continuer à se dégrader, anticipe l’Insee. Alors que le taux de chômage avait connu une baisse en trompe-l’œil


pendant le confinement (beaucoup de personnes renonçant à chercher un emploi), il devrait atteindre 9% au troisième trimestre et 9,7% à la fin 2020, soit 1,6 point de plus qu’un an


auparavant. Franchir le cap des 10% de chômeurs n’est plus exclu par les prévisionnistes. Ceux de la Banque de France tablent sur un taux de 11% au premier semestre 2021. Deux phénomènes


contraires vont se compenser, prédit l’Insee: alors que les embauches (surtout en intérim et CDD) devraient reprendre dans certains secteurs au troisième trimestre (industries hors matériel


de transport, services aux entreprises...), les effectifs diminueraient fortement dans d’autres (transports, hébergement-restauration...) au quatrième. Les entreprises qui avaient réussi


jusqu’ici grâce à l’activité partielle à pratiquer une "rétention de main-d’œuvre", selon l’Insee, ne le pourront plus, face à la dégradation durable de leur activité. 53 000


emplois perdus dans l'industrie Au total, l’Insee prévoit la destruction de 728 000 emplois salariés en 2020, dont 53 000 dans l’industrie, et de 840 000 emplois en comptant les


non-salariés. Une véritable déflagration sociale. Début octobre, un groupement d’associations caritatives estimait à 1 million le nombre de Français ayant basculé dans la pauvreté depuis le


début de la crise sanitaire. Étudiants sans petits boulots, artisans et auto-entrepreneurs sans activité, jeunes intérimaires sans chômage... Les départements ont vu les demandes de RSA


bondir de 10 %. Face à la multiplication des risques sociaux, le gouvernement multiplie ses encouragements aux entreprises pour qu’elles utilisent plus massivement l’activité partielle de


longue durée (APLD), qui semble enfin décoller. Pour Hubert Mongon, _"se séparer de ses compétences est un drame absolu pour une entreprise, il lui faut des années pour les


retrouver"._ Préparer le rebond La crise représente également une opportunité pour les entreprises de se transformer. Quand elles auront identifié leurs besoins, elles pourront former


leurs salariés pendant les périodes non travaillées de l’activité partielle, un financement spécifique étant prévu par le gouvernement. Pour ces entreprises comme pour les centaines de


milliers de salariés restés sur le carreau, les reconversions professionnelles deviennent également un enjeu majeur. Le gouvernement et les partenaires sociaux viennent de démarrer ce


chantier, sur lequel il faudra avancer très vite. De la crise doit naître un rebond durable. > L’AIDE AU CHÔMAGE PARTIEL LONGUE DURÉE DÉCOLLE >  > Quelque 1 500 entreprises avaient 


activé le dispositif > d’activité partielle de longue durée (APLD) aux alentours du > 5 octobre, couvrant 110 000 salariés, selon un bilan du > ministère du Travail envoyé aux 


partenaires sociaux. C’est > encore peu, mais fin septembre, elles n’étaient que 328. Le > mouvement s’accélère donc fortement. En place depuis le > 1er août, l’APLD permet de payer


 à 86% de leur salaire net les > heures non effectuées de salariés travaillant pour le reste au > minimum à 60%, grâce à une aide de l’État, pendant > vingt-quatre mois. Safran et 


Bosch France ont été parmi les > premières entreprises à signer un accord. Valeo ne l’appliquera > qu’à ses centres de R&D et Airbus et Thales négocient encore sur > le sujet.