
"breaking bad" dans le var: quand des narcotrafiquants français collaboraient avec le cartel mexicain de sinaloa
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Le démantèlement d'un réseau de fabrication de drogues de synthèse le 19 mai dans le Var au terme d'un an d'enquête met en lumière les collaborations croissantes entre cartels
mexicains et réseaux criminels européens, notamment en France. Le 18 juin 2024, il y a presque un an, les douanes françaises saisissent 216 kg de méthamphétamine en cristaux transportés par
deux Français, grâce à un vaste travail d'enquête. Celle-ci va se poursuivre et révéler l'existence d'un réseau criminel français étroitement lié au cartel mexicain de
Sinaloa, qui produisait des kilos de cristaux de méthamphétamine dans une luxueuse villa de l'arrière-pays varois. PLUS DE 11 MILLIONS D'EUROS À LA REVENTE Les produits chimiques
étaient achetés en Chine, acheminés par voie maritime puis routière vers le Var, puis transformés en drogues de synthèse dans ce laboratoire. "Au regard de la production réalisée, les
instigateurs de ce trafic espéraient un chiffre d’affaires estimé à plus de 11 millions d’euros à la revente au détail, pour un investissement initial estimé autour de 150.000 euros",
détaille le parquet de Marseille. Après plusieurs mois d'enquête pour démanteler l'ensemble du réseau, le 19 mai dernier, près de 190 gendarmes ont été mobilisés pour réussir à
interpeller simultanément 16 suspects, parmi lesquels 13 sont Français, soupçonnés d'appartenir à ce réseau français. Ils ont également identifié aux alentours de la villa laboratoire
des traces de déversement et d'enfouissement de produits chimiques. Huit d'entre eux ont été déférés et mis en examen. COLLABORATION DES CARTELS MEXICAINS Les deux principaux
narcotrafiquants présumés à la tête du réseau français, un Algérien et un Français, "s'appuyaient largement sur le soutien logistique, l'expertise et la préparation des
cartels mexicains", indique Europol, qui a contribué à cette enquête. "Ils utilisaient des cryptomonnaies pour faciliter les transactions financières illégales", et sont
soupçonnés d'être les responsables "de toute la chaîne de production et de diffusion", avec notamment "la mise en place du laboratoire, la fabrication des drogues et leur
trafic ultérieur", poursuit l'agence. FORTE HAUSSE DU TRAFIC DE DROGUES DE SYNTHÈSE DANS L'UE Cette affaire témoigne d'une évolution dans l'implantation des
laboratoires de production de drogues de synthèse en Europe. "Les laboratoires de production illégaux ne sont pas nouveaux dans l'Union européenne. Cependant, la production et le
trafic de drogues de synthèse y sont en forte hausse", selon Europol qui l'expliquait dans un RAPPORT PUBLIÉ IL Y A DEUX JOURS. "Autrefois limitée à quelques régions, la
production s'étend désormais à davantage d'Etats membres de l'UE. Motivé par des profits élevés, ce commerce est marqué par une concurrence féroce, la corruption et
l'infiltration de structures commerciales légales", poursuit l'agence qui relève la collaboration croissante depuis quelques années entre les cartels mexicains et les réseaux
criminels européens. Les Mexicains fournissent "un savoir-faire technique, notamment des 'cuisiniers' qualifiés pour la méthamphétamine, et contribuent à la création de
laboratoire de conversion de cocaïne". Lundi dernier, des perquisitions menées au moment des interpellations ont permis aux enquêteurs de saisir trois voitures et biens de luxe
d'une valeur d'environ 100.000 euros, près de 80.000 euros en comptes bancaires, téléphones et autres appareils électroniques, et environ 10.000 euros en espèces. Par ailleurs,
quelque 30.000 euros en cryptomonnaies ont été gelés. "Cette saisie correspond à elle seule aux saisies annuelles réalisées en France ces dernières années", conclut le parquet.
Alexandra Gonzalez