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Entre les chaînes du groupe Bolloré et les autres, le nombre de mentions de « TPMP » et de Cyril Hanouna est loin d'être aussi important.  © Crédits photo : montage La Revue des médias

À la veille de la disparition de C8, nous avons mesuré la médiatisation du talk-show « Touche pas à mon poste » et de son animateur-producteur, sur 17 médias audiovisuels — dont les chaînes

Bolloré. Voici ce que nous en avons retenu.  Camille Pettineo Publié le 24 février 2025 À compter du 1er mars 2025, NRJ 12 et C8 cesseront d’être diffusées sur la TNT, à la suite de la

décision de l’Arcom de ne pas renouveler leurs fréquences. La chaîne C8, propriété du groupe Canal+, a succédé en 2016 à Direct 8, lancée en mars 2005. « TPMP » (« Touche pas à mon poste »),

animée et produite par Cyril Hanouna, en a été l’émission phare. Souvent critiquée pour ses scandales voire son populisme, elle a dépassé, à l’automne 2024, les 2 millions de

téléspectateurs en moyenne et a fait, avec « Quotidien » (TMC), la course en tête des talk-shows. Depuis 2012, l’Arcom a émis 35 mises en garde, mises en demeure et sanctions contre C8

(anciennement D8) dont 24 uniquement dans le cadre de l’émission. À la veille de la disparition de C8, nous sommes revenus sur dix ans de médiatisation du talk-show et de son

animateur-producteur (voir méthodologie à la fin de l’article). Voici ce que nous avons trouvé. LES MÉDIAS QUI PARLENT LE PLUS DE « TPMP » APPARTIENNENT AU GROUPE BOLLORÉ Depuis le 1er

janvier 2015, « TPMP » et son animateur sont essentiellement mentionnés sur les médias du groupe Bolloré, auquel appartient C8 (via le groupe Vivendi, dont Canal+ est une des filiales). Avec

une moyenne de 54 mentions par mois, Europe 1 contribue ainsi à hauteur de 57 % des mentions de « TPMP » et de Cyril Hanouna dans les matinales radios. CNews contribue de manière comparable

à la médiatisation de l’émission et de son animateur sur l’ensemble des chaînes d’information en continu (65 mentions par mois en moyenne). « GILETS JAUNES », DÉRAPAGES… CES TROIS MOMENTS

OÙ « TPMP » ET HANOUNA ONT ÉTÉ LE PLUS MÉDIATISÉS Principalement évoquée sur les autres médias du groupe Bolloré (Europe 1, CNews), l’émission de Cyril Hanouna a fait l’objet à trois

occasions de multiples mentions sur les autres chaînes et stations étudiées. C’est en janvier 2019 que « Touche pas à mon poste » et Cyril Hanouna sont les plus mentionnés sur les radios et

chaînes d’information extérieures au groupe Bolloré. En plein mouvement des « gilets jaunes », Cyril Hanouna co-anime avec (et sur proposition de) Marlène Schiappa, alors secrétaire d’État à

l’Égalité femmes-hommes, une émission spéciale « Balance ton poste » sur le thème du « Grand débat national » (25 janvier). Cyril Hanouna avait été le premier à recevoir des « gilets jaunes

 » dans « TPMP » (Jacline Mouraud, le 9 novembre). Par ailleurs, il avait déjà eu l’occasion d’afficher une proximité avec le président Emmanuel Macron (en avril 2017, pour le 1000e numéro

de « TPMP » Emmanuel Macron avait souhaité un joyeux anniversaire à l’émission). La deuxième séquence qui provoque le plus d’écho sur les radios et les chaînes de télévision en continu (hors

CNews et Europe 1) intervient en novembre 2022. Elle implique toujours une personnalité politique (Louis Boyard), mais avec qui Cyril Hanouna a une vive altercation. Au cours de celle-ci,

l’animateur-producteur traite notamment le député LFI (et ancien chroniqueur de « TPMP ») de « tocard » ou encore d'« abruti ». Sept mois plus tard, C8 écope d’une amende record de 3,5

millions d’euros infligée par l’Arcom. Le 20 février 2025, Cyril Hanouna est condamné pour « injures publiques ». Le troisième moment où Cyril Hanouna et « TPMP » ont été le plus mentionnés

(hors Europe 1 et CNews) est en juin 2017. L’émission fait alors l’objet d’une sanction du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA, devenu Arcom) à la suite de plaintes pour sexisme et

atteinte à la dignité humaine. « TPMP » est privé de publicité pendant trois semaines. Une sanction jugée à l’époque d’une « sévérité inhabituelle » par les médias commentant la décision.

Cyril Hanouna avait à l’époque estimé entre 5 à 6 millions d’euros la perte financière pour C8 découlant de la décision du CSA. En cause : deux séquences diffusées à l’automne 2016. Le 3

novembre 2016, Cyril Hanouna pousse un chroniqueur à endosser la responsabilité d’un faux meurtre, le laissant dans une situation de détresse pendant de longues heures avant de révéler la

supercherie. Le 7 décembre 2016, Cyril Hanouna demande à une chroniqueuse de toucher différentes parties de son corps les yeux fermés, jusqu’à ce qu’elle touche son sexe. Cyril Hanouna et « 

TPMP » ne sont cependant pas parvenus à se faire une place dans les plus grands rendez-vous d’information. Les journaux télévisés du soir ne comptent même pas pour 1 % des mentions de

l’émission et de son animateur. MÉTHODOLOGIE À l’aide des données de data.ina.fr, _La Revue des médias_ de l’INA a étudié 17 médias audiovisuels entre le 1er janvier 2015 et le 31 janvier

2025 : de 6 heures du matin à minuit, les quatre chaînes d’information en continu (BFM TV, LCI, Itélé, CNews et France Info), de 6 heures à 10 heures du matin, les sept matinales radio

(Europe 1, France Culture, France Inter, France Info, RMC, RTL et Sud Radio) et cinq JT du soir diffusés entre 19 h 30 et 20 h 40 (TF1, France 2, France 3, Arte et M6). Pour produire les

données de data.ina.fr, l’INA utilise un outil d’intelligence artificielle (IA) spécialisé dans la transcription, qui transforme en texte la parole d’un locuteur d’un document audiovisuel.

Pour déterminer la médiatisation de « TPMP » et de Cyril Hanouna, un dictionnaire a préalablement été constitué avec les mots « Touche pas à mon poste », « TPMP », « Cyril Hanouna »…

L’évolution de la médiatisation entre 2015 et la fin de la période étudiée (février 2024 à janvier 2025) a été mesurée sur des moyennes glissantes annuelles afin d’embrasser autant que

possible la tendance de fond du traitement médiatique du sujet. Une vérification par carottage des résultats a été effectuée pour minimiser les éventuelles scories (cas d’homonymie, par

exemple). Sur l’ensemble de la période et sur les dix médias étudiés hors groupe Bolloré, une étude qualitative a été menée sur les trois mois faisant l’objet d’une très forte médiatisation

pour au moins la moitié d’entre eux pour déterminer les raisons de cette exposition médiatique.