
Vive le roi!
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Sur les réseaux sociaux, certains parlaient d’esclavage et de tyrannie. On se calme. Il est très possible d’analyser le phénomène de la monarchie actuelle l’esprit ouvert. Le Québec, qui
fait toujours partie du Canada, faut-il le rappeler, a hérité d’un système politique de monarchie constitutionnelle qui le sert depuis deux siècles et demi. Le chef de l’État ne se mêle pas
de nos affaires, il est complètement neutre, il ne fait que symboliser la continuité et la stabilité de l’État et de ses institutions. S’il sanctionne les lois, par le biais de la
gouverneure générale, ou de la lieutenante-gouverneure, celles-ci sont votées par le Parlement ou l’Assemblée nationale. Il ne peut s’ingérer dans le pouvoir législatif ou exécutif. Dans les
affaires de l’État, il prend ses ordres du chef du gouvernement, c’est-à-dire du premier ministre. Ce n’est pas Charles qui a décidé de venir au Canada lire le discours du Trône. On lui a
poliment demandé de le faire, mais ordonné serait un meilleur mot. Que Charles III soit né britannique ne l’empêche pas d’être roi du Canada quand il est ici. C’est comme le mystère de la
Sainte Trinité. On ne comprend pas vraiment comment cela fonctionne mais c’est comme ça. Il n’est pas un souverain étranger. Il vient juste d’ailleurs. Que le Québec veuille couper tous les
liens avec la monarchie, ce qu’il ne peut réaliser qu’en paroles, est un choix légitime qu’ont fait d’anciennes colonies sans que cela froisse la Couronne britannique. Comme on dit, ils ne
le prennent pas personnel. En 2021, alors qu’il était prince de Galles, Charles a assisté, en personne, au changement de régime – de monarchie au modèle républicain - à la Barbade,
applaudissant l’avènement de la nouvelle cheffe de l’État démocratiquement élue, brisant ainsi tout lien politique avec le Royaume-Uni. (La Barbade demeure membre du Commonwealth.)
Buckingham Palace n’a pas rouspété quand le Québec a mis au rancart le serment d’allégeance au monarque. > Mais pourrait-on parler de ce sujet sans ridiculiser ceux et celles > qui
croient que la monarchie constitutionnelle est un régime qui a > fait ses preuves? Pensez-y un instant, certains des pays les plus progressistes au monde sont des monarchies
constitutionnelles: la Norvège, la Suède, le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique, l’Espagne, le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande. Il doit bien y avoir une raison pour laquelle les
citoyens de ces pays modernes et démocratiques ne transforment pas leurs monarchies en républiques. La motion de l’Assemblée nationale a beau dire que l’Assemblée nationale est le seul
dépositaire de l’expression démocratique du peuple québécois, il faudra, dans un Québec indépendant débarrassé de la Couronne britannique, un chef d’État. Un premier ministre, par définition
partisan, ne peut représenter l’ensemble des Québécois. Il faudra choisir entre un président élu au suffrage universel comme Donald Trump ou Emmanuel Macron. Ou un simple administrateur
nommé par l’Assemblée nationale. Il y a aussi la formule israélienne: le Parlement, la Knesset, élit un président qui n’a aucun pouvoir exécutif pour une durée de sept ans. Son rôle est
cérémonial, comme celui de «notre» roi. Après, on recommence. Le président ainsi élu ne représente donc pas la stabilité et la continuité comme l’incarne un souverain héréditaire, par
définition au-dessus de toute influence, de tout jeu politique, puisque son choix est déterminé à l’avance par le hasard de la naissance. > En passant, si vous pensez que la monarchie
coûte cher, imaginez > les notes de frais d’un président. J’ai un faible pour notre monarchie. Bien que Québécoise dans l’âme, j’aime ses traditions millénaires, son faste, son
excentricité. Je me fous de ses psychodrames. Elle est nôtre depuis 262 ans. Malgré la distance, elle fait un peu partie de nous. C’est une petite mais réelle tranche de notre patrimoine,
comme le roast beef et le scotch. Les Anglais ne sont plus nos ennemis. Un jour, sans oublier les malheurs, il faut revenir du passé. Le Québec n’a jamais vécu sous un régime républicain.
Avant la Conquête, la Nouvelle-France avait un statut de vice-royauté sous une longue lignée de monarques absolus, de François Ier à Louis XV, celui qui nous a laissé tomber, merci beaucoup.
Après le Traité de Paris de 1763, les rois de France ont cédé leur place à la Couronne britannique plus limitée dans ses pouvoirs grâce à une Constitution à ce jour jamais écrite, ce qui
témoigne de la stabilité d’une monarchie constitutionnelle. Je l’ai déjà écrit, le temps est peut-être venu de congédier la monarchie au Canada. C’est au peuple d’en décider mais certains
d’entre nous demeurent attachés à un régime qui a fait ses preuves, où le souverain incarne l’État sans pouvoir intervenir, assurant unité, continuité et stabilité, malgré les soubresauts de
l’Histoire et les changements de gouvernement. En prime, je regardais les cérémonies entourant la visite du roi Charles III et je me disais qu’on ne pourrait acheter de meilleure publicité
pour le tourisme à Ottawa, même après son départ. Ottawa, ville royale! C’est un _branding_ vendeur à l’international. Nous sommes seuls dans les Amériques à vivre sous une monarchie
constitutionnelle. Cela nous distingue et nous éloigne de la république américaine, une démocratie imparfaite selon l’Indice de démocratie. Mark Carney a réalisé un coup fumant en invitant
le roi à venir lire le discours du Trône. Trump peut se payer bien des choses mais pas un roi ou une reine. C’est notre privilège.